Les plus récentes en premier, les 3 premières sont dépliées et ensuite c’est à la demande, bonne exploration !
Jour 3 (2023-02-12)
Réveil vers 6 h après une nuit qui a débuté venteuse mais qui a ensuite été très reposante, les muscles tirent mais c’est normal. Je sors de mon duvet sans même avoir à trop m’habiller, il doit faire -4 °C.
C’est chouette car maintenant il y a une autre synergie dans le groupe qui permet d’échanger sur des techniques, du matériel, des astuces. On a un cameraman qui s’occupe de faire des petites vidéos explicatives aussi. On plaisante sur le fait qu’il ne fallait pas s’inscrire sur un coup de tête mais que toutes les inscriptions sont parties en 24 h. Les départs se font au compte-goutte, sans pression, au gré des personnes.

À moins de 50 mètres du campement, on croise les traces de deux canidés qui sont passés sur le réservoir dans la nuit. L’un des accompagnateurs nous indique que la visibilité des griffes pourrait signifier des loups plus que des coyotes.

Il y a 5 kilomètres avant d’arriver à l’innovation de l’année : un apéro ensemble avant la toute dernière section pour rejoindre l’accueil. C’est une bonne idée car ça permet de s’échanger des photos via AirDrop, des anecdotes, de faire des plans ensemble, etc. Les conditions permettent de prendre le temps sans être agglutiné·es autour du foyer.
On évoque notamment la possibilité de faire une édition avec enfants conditionnée par la météo (et l’expérience).
Anecdote : il y a eu des bières gratuites tout au long du parcours, avec et sans alcool, car le directeur de Boréale était avec nous.

Difficile pour moi d’exprimer un ressenti à chaud de l’expédition, je m’y risque quand même :
- Ça m’a confirmé que je ne suis pas très sociable et que je suis beaucoup plus à l’aise dans des petits groupes (genre un, deux à la limite).
- J’ai évolué sur un réservoir gelé dont la neige avait été soufflée, une première pour tester ces conditions.
- Je me suis rendu compte que j’avais plus chaud en moyenne que les autres participant·es lorsque je suis dans l’effort.
- J’ai besoin d’être proche de la forêt, mentalement je trouve ça très dur d’avancer entouré de blanc, vers du blanc, je n’imagine même pas lorsqu’il n’y a qu’une étendue blanche à perte de vue…
- J’étais content de passer beaucoup moins de temps à faire fondre de la neige, ça aurait pu me laisser l’espace pour faire des photos mais j’avais peur de trimbaler une brique dans des conditions difficiles.
- C’était un soulagement d’avoir du support en cas de pépin, à contre-balancer avec l’inertie du groupe et le rythme imposé.
- J’ai apprécié que les motoneiges soient assez discrètes, j’ai même toléré un drone pendant quelques minutes.
- Une bonne partie de l’équipement pour du froid extrême n’a pas servi, ça sera amorti ces prochaines années mais ça m’interroge.
- J’ai amélioré mes connaissances autour des différents états de la glace sur un lac.
Et l’année prochaine ? Pas facile de me prononcer pour l’instant, ça m’a permis d’envisager d’autres expéditions par contre.
Jour 2 (2023-02-11)
Finalement, réveil à 6 h au bruit des casseroles des voisin·es. C’est pas plus mal car ça me permet d’admirer la pureté du ciel étoilé par -15 °C, et puis ça me laisse le temps de me faire un gruau bien chaud avant de tout plier. Je ne suis pas encore à 100% mais c’est déjà beaucoup mieux que la veille. La bactérie ou le virus concerné doit se dire que je ne suis pas un hôte rentable.

On monte dans le bus scolaire avec un peu de retard et c’est parti pour 1 heure de transport afin de rejoindre l’autre côté du réservoir, j’ai bien fait de me mettre à l’avant car ça tourne et c’est bien gelé. On se retrouve rapidement sur la glace avec nos traîneaux pour la photo de départ et hop c’est parti.
Je me retrouve dans le groupe de tête qui va à un rythme un peu fou. Je ne sais pas trop pourquoi je m’impose ça, c’est un bon moyen de voir si j’ai de la fièvre ! Avec une telle taille de groupe, j’ai surtout l’appréhension de retarder tout le monde avec un souci plus ou moins technique, je me dis qu’avec un peu d’avance ça me permettra de pallier une éventuelle défaillance. On a tou·tes nos insécurités…

Niveau équipement, il y a un peu de tout, ça va des skis de fond aux skis de randonnée avec peaux en passant par les skis-raquettes. Je suis content de mes écailles vu les conditions mais ça me fait préférer la neige, aussi je me décale vers la berge en solo, la visibilité est bonne et je ne le vois pas comme un problème de sécurité. Les températures se réchauffent et tout le monde craint que l’étendue d’eau gelée ne se transforme en un lac de sloche…

Malgré le chargement, je me surprends à pouvoir glisser de temps en temps lorsque le revêtement est bon. C’est agréable et je suis déjà en t-shirt car il doit faire autour de zéro, ressenti 12 000 °C, la réverbération est violente. J’attends stupidement la pause de midi pour mettre une protection sur ma peau. Et pour m’alimenter. Et pour bien m’hydrater. N’importe quoi.
En arrivant dans la crique dédiée au repas, c’est ambiance station de ski avec un fond de Bob Marley et le long serpent des arrivées qui se replie pour digérer. Je pense que c’est un soulagement partagé d’être dans des conditions idéales et de pouvoir profiter de cette belle journée. Les organisateurs n’ont jamais connu ça. On a avalé les sept premiers kilomètres en moins de deux heures…
Pour la seconde partie de la journée, je prends un rythme moins soutenu car je ne veux pas arriver trempé au campement et la température monte encore. J’en profite pour observer les différentes tactiques de chacun·e pour limiter le frottement/bruit, passer sur les plaques de glace, etc. Ces sept derniers kilomètres se font sur la digestion.

Le campement est dans une crique qui laisse suffisamment d’espace pour ne pas être trop les un·es sur les autres. Je fais l’erreur de choisir stratégiquement un emplacement qui pourrait être au soleil le matin au détriment de la protection au vent. Ça va s’avérer assez critique plus tard car on va se prendre de bonnes bourrasques qui me feront craindre l’envol de mon tipi. J’enneige les bords avant de me coucher pour éviter la prise au vent par en-dessous, tant pis si ça condense cette nuit, c’est la dernière dehors.

Le coucher de soleil est magnifique et je tente même un peu d’astrophotographie à l’iPhone, soyons fous. Un ragoût de bœuf était proposé pour les personnes qui ne voulaient pas être en autonomie complète. Je tente le coup et c’était bon mais je crois que je ne mange plus assez de viande pour supporter des portions d’expédition vu mon état de fatigue. Mes nouilles traditionnelles seraient probablement mieux passées. La soirée se passe plutôt bien et les températures restent agréables.

La seule frustration partagée de la journée c’est de ne pas pouvoir tester l’équipement chaud acheté pour l’occasion ! Mais bon on ne va pas chialer la bouche pleine non plus hein…
Jour 1 (2023-02-10)
Ma propre inadaptation physiologique au froid a aussi son origine dans la sélection naturelle. Je ne suis pas à ma place dans ce mandala glacial car mes ancêtres ont échappé à la sélection naturelle par la résistance au froid. L’homme descend de grands singes ayant vécu pendant des dizaines de millions d’années en Afrique tropicale. Conserver sa fraîcheur était bien plus nécessaire et ardu que de conserver sa chaleur, et nous avons donc peu de défenses corporelles contre le froid. Lorsque nos ancêtres ont quitté l’Afrique pour gagner l’Europe du Nord, ils ont emporté avec eux du feu et des vêtements, transportant ainsi les tropiques dans les régions tempérées et polaires. Cette ingéniosité leur a épargné bien des souffrances et des pertes, résultats incontestablement bénéfiques. Mais le confort est une dérobade face à la sélection naturelle. Notre aptitude à faire du feu et à nous vêtir nous condamne définitivement à ne pas être à notre place dans le monde hivernal.
Un an dans la vie d’une forêt, David G. Haskell
Je me réveille avec pas mal de symptômes, je me sens malade depuis la veille et ça ne s’arrange pas… je suis dégoûté. Tout seul, j’aurais reporté mais là c’est plus compliqué, j’accompagne l’enfant à l’école et je mets un bon moment à me décider à décoller pour 3 heures de route après un bon cocktail de vitamines. Je me dis que si ça se dégrade vraiment dans l’après-midi/nuit je pourrai toujours rester au chalet d’accueil la nuit et rentrer.
J’arrive le premier, il est demandé aux participant·es de passer la première nuit sur le parking pour vérifier le matériel et les compétences, ce que je trouve justifié vu le contexte. Je monte tranquillement la tente, les conditions de voyage ont été difficiles et je n’ai qu’une hâte : la sieste !

Les températures sont plutôt clémentes, les personnes arrivent au compte-goutte et je fais une étude sociologique autour du montage de tente. Il y a vraiment tous les âges, toutes les expériences, une diversité d’équipement. Et j’avais été assez mauvaise langue, il y a une parité apparente. C’est une chose qui m’avait déjà étonné lors d’un précédent stage de survie douce. Vive le Québec <3.
La réunion d’accueil à 19 h se fait sous une neige bien dense autour du foyer, c’est très jovial. Je suis content d’avoir finalement opté pour le tipi qui est efficace pour ne pas accumuler trop de poids avec la neige et qui reste ventilé pour ne pas garder la condensation et finir trempé.
Les organisateurs nous annoncent des conditions très clémentes, presque trop mais la glace est solide grâce au vortex polaire de la semaine passée. Départ prévu à 7 h 30 demain matin, il faut que le traîneau soit près à embarquer à ce moment là. Je mets le réveil à 6 h 30 et je ne fais pas long feu car je me suis encore bien diminué. Je m’endors grâce au bruit (littéralement !) blanc de la neige qui crépite sur la toile. Les réveils nocturnes permettent de faire tomber la neige des parois, la gorge gratte. J’utilise pour la première fois mon duvet -30 °C et je crève de chaud, j’apprends à utiliser ses ouvertures latérales. Je l’ai acheté en panique il y a deux semaine, après la réunion d’information qui nous racontait une nuit à -38 °C il y a 3 ans…
Ombres (2023-02-01)
Déplier pour lire le contenu de la publication
I’m not a film buff, so I write this from a layman’s perspective. But every time I watch something made before 2000, it looks so beautiful to me—not otherworldly or majestic, but beautiful in the way the world around me is beautiful. And I don’t think I’m just being nostalgic. […]
Most usefully, their hollowness offers, by way of counter-example, a key to what does feel meaningful: texture, substance, imperfection, slowing down, taking the scenic route, natural light, places you can touch, making more considered creative choices, making less.
C’est une chose que j’ai remarqué aussi et l’essai de Robin Rendle à ce sujet In Praise of Shadows (cache) m’avait particulièrement touché cet été.
Les iPhones, au fil des versions, font de « magnifiques » photographies par exemple mais ce qui est capté de la scène est faible comparé à ce qui est fait en post-acquisition pour qu’elles semblent magnifiquement nettes et contrastées etc. Et ce n’est qu’un début, l’apprentissage et des algorithmes encore plus avancés permettront de rendre chaque photo plus… parfaite dans la négation de son authenticité.
Ma bibliothèque dans macOS Photos (iPhone) ressemble à un magazine, à une façon que d’autres ont choisi pour représenter le monde. Celle qui est dans RAW Power (DSLR) est plus modeste mais correspond davantage aux façons dont j’ai envie d’observer et de partager le monde.
À force de regarder des séries à l’image parfaite, on se met peut-être à fuir la réalité d’un monde qui nous semble hideux dans ses imperfections et ses zones d’ombres.
J’imagine que c’est une réflexion de vieux et que les personnes faisant de l’argentique avaient les mêmes arguments il y a quelques années. J’assume (presque).
😔 We found that GitHub, GitLab, SourceForge, and Bitbucket were collectively linked to 160 times in 2007 and 76,746 times in 2021. In 2021, one out of five publications in the arXiv corpus included a URI to GitHub. The complexity of GHPs like GitHub is not amenable to conventional Web archiving techniques. Therefore, the growing use of GHPs in scholarly publications points to an urgent and growing need for dedicated efforts to archive their holdings in order to preserve research code and its scholarly ephemera.